Les innovations technologiques, les objets connectés et les possibilités véhiculées par la transformation numérique, combinés aux nouveaux modes de vie, modifient en profondeur le rapport à la santé et ouvrent de nouvelles opportunités. Service médical innovant porté par la digitalisation, la télémédecine devrait se développer rapidement, notamment grâce au remboursement des téléconsultations généralisé depuis le 15 septembre 2018. Une aubaine pour les marketplaces de l’e-santé, à l’image de Doctolib, qui lancera un service de téléconsultation dès janvier 2019 !
La téléconsultation, une « consultation comme une autre » depuis le 15 septembre 2018
La téléconsultation ou télémédecine est une consultation, d’un patient par un médecin, réalisée à distance. L’adoption de cette nouvelle pratique médicale est portée par le développement de plateformes toujours plus performantes, derrières lesquelles on retrouve un modèle : la marketplace. Ce modèle “many to many” permet de réunir sur une seule plateforme une multitude d’acteurs, ici les médecins, et de faciliter la mise en contact entre patients et professionnels de santé.
La téléconsultation constitue un enjeu essentiel de l’amélioration d’un système de santé vieillissant. Pour autant que l’on dispose d’un smartphone, d’une tablette ou d’un ordinateur, la téléconsultation offre une réponse immédiate aux problématiques majeures liées aux pratiques médicales, comme notamment :
- Faciliter l’accès aux soins même dans les déserts médicaux
- Accélérer et améliorer la qualité de la prise en charge et du suivi des patients
- Eviter le renoncement aux soins chez un spécialiste, dû à un temps d’attente excessif pour accéder à une consultation
- Eviter les déplacements inutiles et le recours abusif aux urgences
- Désengorger les services
- Réduire les coûts
Le remboursement des téléconsultations par l’assurance maladie depuis le 15 septembre 2018, devrait accélérer cette pratique qui présente de nombreux avantages. Pour le patient – utilisateur de la marketplace – le temps d’attente pour accéder à une consultation est réduit, la relation avec le médecin est plus souple, les contraintes moindres et son parcours de soins est mieux pris en charge, notamment grâce au dossier médical partagé qui permet un véritable suivi.
Pour le médecin téléconsultant – prestataire référence sur la plateforme à 80% généraliste et 16 % spécialiste (étude BVA/Orange/MNH 2014) – la gestion de son temps est optimisée et son organisation plus libre. Déplacements réduits, moins de gestion administrative participent aussi à l’augmentation de ses revenus (sur une même plage horaire les diagnostics sont plus nombreux par rapport aux consultations en cabinet) et dégagent du temps disponible …. Un cercle vertueux.
A l’image de la startup Qare, lancée en février 2018 en France, Doctolib, leader de la prise de rendez-vous en ligne, investit à son tour le marché de la télémédecine !
Doctolib ouvre sa plateforme de téléconsultation en janvier 2019
A ce jour, la pratique de la télémédecine reste encore marginale. Seulement 2% des 300 millions de consultations annuelles seraient assurées à distance. A travers les technologies qu’elles proposent et leur facilité d’utilisation, les marketpaces sont au cœur de ce nouveau marché. Doctolib, en première ligne, s’apprête à changer la donne.
Déjà leader européen de la prise de rendez-vous médical en ligne, la plateforme lancera un service de téléconsultation par visioconférence en janvier 2019, ouvert à tous les types de praticiens. Fonctionnant sur un modèle d’abonnement mensuel de 109€ pour les médecins, elle compte 65 000 professionnels de santé et 25 millions de visiteurs mensuels. Un potentiel prometteur !
Il faut dire que depuis sa création en 2013, la marketplace concentre ses efforts et investissements à la digitalisation des différentes étapes du parcours de soins et à son internationalisation. Sur 4 ans, ce sont 85 millions d’euros de fonds qui ont été levés, dont 61 millions en 2017. C’est donc une marketplace en plein essor, qui pour renforcer sa position s’est offert MonDocteur en juillet 2018. En acquérant son principal concurrent – 50 millions de consultations gérées sur 5 ans tout de même – Doctolib devient par la même occasion, propriétaire du célèbre forum Doctissimo !
Un statut qui légitime l’objectif affiché de devenir la première plateforme européenne de l’e-santé. Un Health Tech Center, centre d’innovation dans l’e-santé, a récemment été inauguré dans les locaux parisiens de Doctolib, où 150 ingénieurs travaillent à l’amélioration continue de la plateforme et du service de télémédecine. Un second centre similaire devrait voir le jour en Allemagne, le deuxième marché de la marketplace en 2019.
La télémédecine, un marché qui pourrait représenter 2,2 milliards d’euros à l’horizon 2020
La téléconsultation devrait peser 2,2 milliards d’euros d’ici à deux ans. Cette filière d’avenir attire de nombreux acteurs privés, à l’instar de Doctolib. Ces derniers développent des outils destinés à fournir le meilleur service pour remporter l’adhésion des praticiens et des patients.
Par exemple, la marketplace Qare, lancée en 2017 à Londres et début 2018 en France, facilite l’accès à la télémédecine en proposant les consultations à distance de centaines de médecins, issus de 20 spécialités différentes et ce 7j/7 ! La marketplace se positionne comme une réponse au premier recours médical, tout en ambitionnant de prendre 15 à 20 % du marché d’ici 2020 ! Un peu optimiste si l’on en juge ses « seuls » 4 000 utilisateurs par mois. Mais le modèle économique fiable – double abonnement mensuel : 75€ pour les praticiens et 29€ pour les patients – l’approche stratégique des hôpitaux en cours et une récente levée de fonds de 6 millions d’euros auprès de Kamet, l’incubateur assurtech d’Axa, en font le concurrent le plus sérieux de Doctolib !
D’autres plateformes de téléconsultation existent déjà en France : MedecinDirect, HelloConsult lancée en octobre 2018, Directodoc, Medaviz, Hellocare, Medicitus … Mais aucune ne possède une force de frappe susceptible d’inquiéter Doctolib.
Le gouvernement, qui soutient l’arrivée de la télémédecine, prévoit 500 000 actes de téléconsultation en 2019 et 1,3 million en 2021. Nul doute qu’une fois que les principales barrières technologiques seront levées – homogénéité de la qualité des infrastructures numériques sur toute la France – et l’interopérabilité des différents systèmes bien en place, la pratique prendra rapidement de l’envergure. Avec Doctolib et l’arrivée de nouvelles plateformes de téléconsultation, ne serions-nous pas à l’aube de l’uberisation d’un nouveau marché, en passe de devenir la nouvelle norme de consultation médicale ?